Quand je regarde ma société, ma civilisation, je peux comparer cela à mes colonies d’abeilles. Tout à l’air de bouger de façon désordonnée et il est bien difficile de dégager une orientation dans tous ces mouvements.
Au bout d’une semaine, je peux voir le but de mes abeilles. Produire beaucoup de bébé, faire des réserves de nourriture, préparer un nouvel essaim. Et cela dure depuis 300 millions d’années.
Cependant, j’ai du mal à discerner les objectifs de ma civilisation.
Je vois deux grands groupes : les élites et les gens.
Les élites gagnent de l’argent et veulent en gagner toujours plus, ils ont le pouvoir et ils en veulent toujours plus, même s’ils savent pertinemment que cela va les tuer et tuer la civilisation avec eux.
Les gens fourmillent d’idées qu’ils mettent parfois en pratique. Certains veulent virer le gouvernement, d’autres faire la révolution, d’autres veulent manifester, d’autres veulent la désobéissance civile, d’autres voudraient déménager sur Mars parce que ce sera surement plus facile d’y vivre que sur notre terre, d’autres encore veulent ne surtout pas faire de bruit…
Il est étrange qu’une majorité de gens ne voient pas ce qui nous arrive sur le coin de la figure. Parce que les signaux ne sont plus de petits clignements de l’œil du genre regarder par ici, il n’y a plus d’insectes, regarder par là, il n’y a plus d’oiseau, regarder par ici, les glaciers sont tout riquiquis, regarder par là, il fait de plus en plus chaud pendant de plus en plus longtemps.
Non, maintenant, ce sont des coups de massues sur la tête, par ici l’obligation de prendre deux mois de congés pour tout le monde et en plein milieu d’un semestre, par là les entreprises qui licencient, par là les entreprises qui déposent le bilan, par ici les millions de chômeurs supplémentaires, par là, la dette qui croît démesurément.
Quand les collapsologues affirment que notre civilisation est comme une voiture lancée à fond dans une descente vers le précipice et qu’elle continue à accélérer, ils expriment parfaitement la réalité.
Alors les gens devraient être conscients de cela et essayer d’agir. Faire comme les abeilles, où les fourmis, ou les termites : se préparer pour bientôt, pour quand cette civilisation ne va plus avoir de banques, donc plus d’eau dans la maison, plus de gaz ni d’électricité, plus de nourriture, pour quand la voiture de Pablo SERVIGNE dans laquelle nous avons tous pris place nous aura tous balancé dans le trou.
Les gens devraient faire cela vite, ça urge, parce que préparer ses valises pour demain ne se fait pas en claquant dans les doigts.
Mais non, les gens, vous pensez que tout va bien, qu’aujourd’hui il va faire 26 °C et vous allez pouvoir finir votre bronzage, vous allez pouvoir passer un long moment à papoter avec votre copine…
Alors les gens, bientôt vous allez vous réveiller et il sera vraiment trop tard, il est déjà bien tard. Mais rassurez-vous, vous serez tellement préoccupés à trouver de l’eau potable et de la nourriture que vous n’aurez même plus de larmes pour les enfants qui vont disparaître, pour vos parents qui vont disparaître, pour vos amis qui vont disparaître. Et cela ne durera pas trop longtemps, deux mois tout au plus. Qu’est-ce que deux mois par rapport à tout le plaisir que vous prenez maintenant.
Pensez que les gens qui souffrent aujourd’hui des conditions produites par cette civilisation allaient se réveiller et prendre en mains leur destin est une belle utopie. Pensez que les gens qui vivent encore dans le confort allaient se préoccuper du sort des premiers est aussi une belle utopie.
Notre monde va dans le trou et nous sommes conditionnés pour aller dans le trou.
Mais sachez tout de même qu’il existe une solution facile, agréable, efficace, qui ne coûte rien, qui est à la portée des plus faibles d’entre nous. Sachez cela car c’est seulement cette dernière idée et les regrets que vous aurez qui montrera que vous étiez un morceau d’humanité.
Didier LAINARD